Date: 25 octobre 2018
Source: Farmlandgrab, La Croix
Par: Jean-Paul Musangania
Des journées nationales de la femme rurale sur la promotion et la défense des droits d’accès à la terre et aux ressources naturelles se sont tenues du lundi 22 au vendredi 25 octobre, à Ouahigouya au nord du Burkina Faso, où l’expropriation des terres agricoles fait tache d’huile en milieu rural.
Rosalie Ouoba, coordonnatrice du Réseau d’appui à la citoyenneté des femmes rurales d’Afrique de l’ouest et du Tchad (RESACIFROAT), explique à La Croix les mobiles de son combat pour l’émergence du leadership féminin.
La Croix : En quel terme le problème d’accès à la terre se pose-t-il au Burkina Faso pour la femme en milieu rural ?
Rosalie Ouoba : Depuis cinq à dix ans, le milieu rural burkinabè est en proie à l’accaparement des terres au profit des multinationales. Cette expropriation pourtant contraire à la législation du pays, contribue à l’accroissement de la faim. Dans ce pays, les femmes sont les principales chevilles ouvrières d’exploitation agricole. Voilà ce qui justifie notre mobilisation pour sensibiliser aux droits d’accès au foncier et à la protection juridique des semences paysannes.
Les journées nationales que nous organisons sur cette question depuis 2016 donnent la parole aux femmes qui n’ont jamais franchi le seuil de leur village pour qu’elles sachent se faire entendre des autorités afin de défendre leur droit à une terre. Nous apprenons aux femmes à prendre la parole en public, à comprendre les problèmes qui se posent dans leur milieu de vie. Ces rencontres les ouvrent aux questions d’équité et de justice.
Fort de cette initiative, plusieurs regroupements de femmes rurales arrivent maintenant à lever la voix à l’endroit des autorités pour exiger des actions concrètes de protection et d’une prise en charge.
Que proposez-vous à la femme rurale pour améliorer son exploitation agro-pastoral de subsistance ?
R. O. : Nous accompagnons une trentaine d’associations dans chacun des sept pays du Réseau d’appui à la citoyenneté des femmes rurales d’Afrique de l’ouest et du Tchad, pour éveiller les consciences paysannes aux stratégies de développement alternatif. Il s’agit de transmettre des pratiques agricoles puis d’ouvrir les associations aux méthodes respectant la biodiversité. Nous avons créé « des jardins écoles » dans lesquels des responsables des femmes rurales s’initient aux pratiques agricoles qui préservent l’environnement.
En dehors de l’accès à la terre, quels sont les autres défis auxquels se confronte la femme rurale en Afrique de l’ouest ?
R. O. : La femme rurale est sous-représentée dans les organes de décision à l’échelle de la région en raison du poids des traditions et de la mauvaise interprétation de la religion. Cela nous incite à tisser des relations privilégiées avec des élus locaux de différentes régions pour que les préoccupations de ces femmes soient prises en compte.
Du fait que les femmes rurales sont coupées de l’information, nous les accompagnons aussi à travers des programmes sur les radios locales.
Recueilli par Jean-Paul Musangania
Original source: La Croix