Le Ministre en charge du foncier du Cameroun adopte le LANDex comme un outil devant servir à l’établissement de la situation de référence en matière foncière
Au sortir d’un atelier inédit qui s’est tenu le 26 janvier, à Yaoundé, LANDex a été officiellement adopté parmi les outils légaux, réglementaires et techniques, mis à la disposition des acteurs fonciers, en vue d’une meilleure gestion des terres et des conflits fonciers. LANDex est un outil de suivi de la gouvernance foncière dénommé l’Indice Global de Gouvernance Foncière (ou Global Land Governance Index, en anglais).
La session a permis aux acteurs de prendre connaissance des indicateurs LANDex, et de proposer une approche participative et pluri-acteurs pour procéder à leur renseignement. Une autre avancée majeure est que le LANDex a gagné en légitimité. En effet, dans le communiqué final de l’atelier, il a été mentionné la nécessité de renforcer les initiatives de concertation entre les différentes administrations ayant la question foncière en partage à travers la mise en place d’une situation de référence en matière de gouvernance foncière au moyen de l’outil LANDex. Il est également question que cet outil soit parmi les outils légaux, réglementaires et techniques mis à la disposition des Chefs Traditionnels pour renforcer leur participation à la gestion des terres et des conflits fonciers.
"Semaine du foncier" au Cameroun
L’atelier s’inscrit dans le cadre de la "Semaine du Foncier" au Cameroun qui s’est tenu du 25 au 29 janvier. L’édition 2021 a été placée sous le thème "la gestion locale du foncier : défis et leçons" et a été co-organisée par le Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières et le projet LandCam mis en œuvre par le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED), l’Institut International pour l’Environnement et le Développement (IIED) et le Réseau de Lutte contre la Faim (RELUFA), avec l’appui financier de l’Union Européenne.
La semaine du foncier a réuni plus de 150 participants venus d’horizons divers notamment des agents des administrations publiques, des parlementaires, des représentants des collectivités territoriales décentralisées, des membres du corps diplomatique, des autorités traditionnelles, des représentants du secteur privé, des partenaires au développement, des universitaires, des représentants des organisations de la société civile, des représentants des peuples autochtones et des communautés locales, etc.
La rencontre a mobilisé l’Etat avec la présence effective de plusieurs ministres lors de la cérémonie d’ouverture dont le Ministre des Domaines du Cadastre et des Affaires Foncières (MINDCAF), le Ministre de l’Administration Territoriale, le Ministre des Forêts et de la Faune, le Ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales et le Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural.
Elle a été une occasion saisie par la Stratégie Nationale d’Engagement (SNE) sur le Foncier appuyée par la Coalition Internationale pour l’Accès à la Terre (ILC) pour organiser cette session, laquelle a réuni plus de 70 participants. En effet, développé par la Coalition et ses partenaires, le LANDex est un ensemble de 33 indicateurs organisés autour des 10 engagements de l’ILC pour une gouvernance foncière centrée sur les personnes. Fortement alignés aux indicateurs déjà promus par d’autres outils existant de suivi de la gouvernance foncière comme les Objectifs de Développement Durable (ODDs), les Directives Volontaires, Prindex, etc. ces indicateurs couvrent trois niveaux notamment le cadre juridique, la mise en œuvre de la législation, et l’impact ou la perception. C’est aussi un outil qui promeut la démocratie en allant au-delà des données publiques avec l’intégration des données alternatives ou produites par les citoyens. Si certains indicateurs sont renseignés à partir de l’exploitation de bases de données au niveau national et international, d’autres, 17 pour être plus précis, le sont exclusivement au niveau national avec la mobilisation d’acteurs du foncier et en tenant compte de la diversité des perspectives (Gouvernement, société civile, communauté locale, secteur privé, recherche…).
Outil d’envergure mondiale
Cette adoption du LANDex aussi bien par les pouvoirs publics que les autres catégories d’acteurs impliqués dans la gestion du foncier au Cameroun comme un outil devant servir à l’établissement de la situation de référence est fortement saluée et appréciée par l’ILC qui y voit un début de légitimation et d’appropriation de l’outil par les États. Pour rappel, après une phase test au Sénégal, en Colombie et au Népal, l’outil est entré dans une phase de mise à l’échelle avec son implémentation dans une quarantaine de pays à travers le monde dont une dizaine en Afrique.