Date: 4 octobre 2018
Source: Grain.org, Touteinfo
Par: Amidou Kabré
Le 13ème forum de la COPAGEN s’est ouvert ce mardi 2 octobre à Ouagadougou. Durant trois jours les participants venus de neuf pays africains vont partager leurs réflexions et expériences autour du thème : « accaparement des terres, nouvelles générations d’Organismes génétiquement modifiés (OGM) et biopiraterie : quelles menaces sur l’agriculture familiale et l’agro écologie paysanne et quelles solutions durables ? » Cette rencontre qui a également mobilisé les autorités municipales de la capitale et les représentants de l’Etat burkinabè fait la part belle à une foire des produits locaux.
Les pays membres de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) veulent faire front commun pour plus de victoire dans leur lutte. Réunis à Ouagadougou depuis le 2 octobre 2018 à Ouagadougou, les participants du 13ème forum de la COPAGEN auront trois jours pour faire le point des acquis précédents et dégager des perspectives pour les combats futurs.
Protéger le patrimoine africain. Les principaux centres d’intérêt du forum sont « la protection du patrimoine génétique, nos ressources essentielles notamment la biopiraterie, les nouvelles générations des OGM et la recrudescence de l’accaparement des terres ». A précisé Pauline Zei, point focal régional de la COPAGEN venue de la Côte d’Ivoire. Au total, une dizaine de pays sont au rendez-vous : le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, la Guinée Konakry, le Niger, le Mali, le Sénégal, le Togo et le Burkina Faso. Selon le Point focal régional, les représentants de chaque pays auront la lourde tâche de dresser un état des lieux pour voir « quelles sont les actions à mener au niveau national, sous régional et même international pour pouvoir donner de la voix à notre plaidoyer pour que nos différentes revendications soient prises en compte dans les politiques nationales et sous régionales ».
Le conseiller technique, représentant le ministre de l’agriculture et des aménagements hydrauliques du Burkina qui a donné le top départ des travaux n’a pas manqué l’occasion de partager l’approche du pays hôte en matière agricole. Tout en louant l’initiative de la COPAGEN, Antoine Compaoré a indiqué que » face aux défis auxquels nos Etats doivent faire face (…), il devient urgent de repenser les paradigmes, de revoir les modèles et les schémas de notre agriculture. » Selon lui, l’agriculture qui est le moteur de l’économie nationale est « à la croisée des chemins » face aux défis de la sécurité alimentaire, climatiques et de l’insertion professionnelle des jeunes. D’où cet appel lancé aux participants sur la polémique autour des OGM : « nous en appelons à des débats intelligents de tous les acteurs et artisans du développement agricole, pour faire éclore le consensus minimal autour des questions actuelles qui sont sources de tensions. »
L’histoire de la COPAGEN. La COPAGEN a « une histoire ancienne mais aussi récente », a souligné Mamadou Goïta, participant venu du Mali. Celui que ses collaborateurs appellent « Papa COPAGEN » raconte que c’est en 2003 que l’idée de travailler sur la question du patrimoine générique africain est née en Côte d’Ivoire suite à une rencontre de formation. A partir de cette initiative, précise-t-il, « nous avons décidé d’engager un plaidoyer au niveau régional dans les huit pays de l’UEMOA, en plus de la Guinée pour essayer d’influencer les décisions politiques qui se prenaient parce que le débat sur les OGM était très mal connu ; la question des droits des communautés était très mal connue mais aussi tout ce qui concerne la bio piraterie et d’autres sujets liés ». C’est ainsi qu’en janvier 2004, les pères fondateurs de ce qui allait aujourd’hui la COPAGEN ont décidé « de mettre en place à Grand Bassam une coalition qui regroupe l’ensemble des pays de l’UEMOA et de la Guinée avec une place prépondérante aux organisations paysannes mais aussi des réseaux qui se battaient pour faire de ce combat une réalité. » Se souvient Papa COPAGEN, un des géniteurs de la structure.
Quatorze ans après, les membres de la coalition croient fermement à leur combat à l’image de ce jardinier américain du nom de Dewayne Johnson qui a remporté son procès contre la firme Monsanto, géante des pesticides, en août 2018, alors qu’il souffre d’un cancer en phase terminal. « Dans le combat pour les ressources génétiques africaines, il ne faudrait pas avoir un complexe d’infériorité mais croire à notre combat, à nos valeurs, à notre vision pour nous engager. L’exemple du jardinier américain montre que nous pouvons vraiment avoir foi dans cette lutte que nous menons et espérer avoir des victoires. » A estimé Pauline Zei.Les autorités burkinabè à travers le ministère de l’agriculture attendent du 13ème forum de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) des résultats qui contribueront à guider la prise de décision « en connaissance de cause ». La fin des travaux interviendra ce jeudi après-midi.
Source: Touteinfo (Burkina Faso)