La réglementation des sites d’orpaillage reste fondamentale pour la gestion durable des ressources naturelles au Burkina Faso. Cette réalité, associée à l’exploitation irresponsable et démesurée des sites aurifères dans la commune de Kampti (région du Sud-Ouest du Burkina Faso), s’est traduit par l’élaboration d’une charte communale de gestion des sites d’orpaillage, de concert avec les artisans miniers et l’autorité administrative communale.
Photo de famille après l'assemblée générale de validation des règles de la charte à Kampti. CC@GIZ.
L'existence de cette charte qui demeure le fruit d’une concertation inclusive, vient renforcer la protection des ressources naturelles et de l’environnement grâce à l’établissement des règles claires pour l'exploitation artisanale de l'or. La mise en application de ces mêmes règles contribue à la réduction des conflits entre les mineurs et les populations locales, favorisant ainsi une coexistence pacifique. Cette réalité, telle que vécu par les artisans miniers sur le site de Fofara a aussi une incidence financière : l’entente entre les exploitants du site est de bon augure afin de pouvoir pleinement tirer profit des ressources aurifères disponibles. De ce fait, une approche responsable et durable de la gestion de la gestion des sites aurifères, telle que prônée par la charte, est à soutenir dans la dynamique de contribuer à la préservation de l'environnement et de la santé des écosystèmes locaux.
Par la suite les règles établies sur les sites d’orpaillage prennent en compte la protection des droits des populations riveraines et renforcent la coopération entre les différents acteurs : les autorités locales, les artisans miniers et les communautés, favorisant ainsi un développement harmonieux.
Le Contexte
L'exploitation artisanale de l'or au Burkina Faso est marquée par une faible organisation des exploitations. Ce fait entrave la mise en œuvre d'initiatives efficaces pour structurer la gestion des sites d'orpaillage.
Or, dans ce pays à forte vocation agro-sylvo-pastorale, l'exploitation artisanale de l’or a des répercussions négatives sur divers aspects de la vie communautaire (terre, ressources en eau, cultures, santé humaine) en termes de dégradation, de pollution et de contamination. En plus, les artisans miniers et leurs associés ne reconnaissent pas les droits fonciers collectifs et individuels des communautés autochtones, ce qui provoque des tensions et des conflits communautaires. Malgré l'importance économique de l'exploitation d’or, sa contribution au développement local et communal reste faible. Les bénéfices générés par cette activité ne sont pas suffisamment réinvestis dans les communautés, limitant ainsi les opportunités de développement durable.
Un défi majeur pour ce secteur est aussi la non-maîtrise des profils des acteurs présents sur les sites. Ceci tend à s’aggraver avec les flux d’arrivée de nouveaux orpailleurs : leurs travaux tendent à remettre en cause les ententes locales d’un site. Cette situation complique la gestion des sites et peut conduire à des conflits d'intérêts entre les différents acteurs, qu'ils soient artisans miniers, agriculteurs ou membres de la communauté locale.
De même, les accords entre les acteurs de l'exploitation artisanale sont souvent non formalisés, ce qui entraîne une remise en cause permanente de ces accords, souvent conclus de manière clandestine. Cette absence de formalisation crée un climat d'incertitude et de méfiance entre les parties prenantes.
L’Approche de ProPFR
Comme 1ere étape, le ProPFR a initié l’élaboration d’une cartographie des acteurs impliqués et en identifiant les forces et faiblesses de cette initiative. La mobilisation des parties prenantes est cruciale, permettant à chaque acteur de comprendre les enjeux et de définir ensemble le processus. Le ProPFR a confié le leadership pour l’élaboration de la charte aux bénéficiaires, tels que la commune et les artisans miniers, tout en leur permettant de créer leur propre système d'information et de communication. Toutefois, le pilotage institutionnel de la charte reste à la commune, qui se fait appuyer sur le terrain par les comités d’initiatives. Ils veillent au respect des règles de gestion et à l’application des sanctions si des règles ne sont pas respectés.
Une feuille de route claire mais flexible a été élaborée, qui tenait compte des réalités du secteur. Pour assurer l'appropriation et la durabilité de l'initiative, le ProPFR développe une expertise locale capable de défendre et partager l'approche, ainsi que de mettre en place un comité représentatif. Enfin, une ingénierie sociale est réalisée pour alimenter l'outil de gestion et établir un système de suivi-évaluation efficace.
« (…) je suis content de la Charte des Artisans Miniers, qui a été rendue possible grâce à l'appui de la Délégation Spéciale de la mairie de Kampti et du ProPFR. En effet, avant cette charte, les artisans faisaient face à des conflits fréquents avec les propriétaires terriens, entraînant insécurité et instabilité. Grâce à la charte, ils peuvent désormais travailler en paix et dans le respect des règles établies. (…) la quiétude actuelle, favorise le développement économique et encourage la collaboration entre les artisans. »
Kafando Mélinga Sylvain, artisan minier à Fofora
La convention est à la base d’une meilleure organisation des exploitations. Leur faible organisation ne limite plus l'efficacité des initiatives de régulation. Une meilleure structuration améliore la gestion des ressources et réduit les situations conflictuelles. Avec l’établissement des règles de gestion des sites, les conflits liés au non-respect des limites des différentes zones et les proliférations anarchiques des galeries dans et hors du site sont à la baisse. Il en résulte une certaine harmonie au sein des artisans miniers, ce qui est bénéfique surtout dans la relation avec les propriétaires des champs riverains.
De plus il y a un impact sur l'agriculture et l'environnement qui s’améliore. Ainsi le traitement et l’utilisation des produits chimiques se fait maintenant dans le respect des zones concernées et des regèles établies. Les prospections pour de nouveaux filons se font toujours en accord avec les propriétaires des champs voisins. Ceci contribue à préserver l’environnement et à atténuer les conflits. Les chartes introduisent donc des approches protégeant l’environnement et améliorant la production agricole.
La convention encourage également la collaboration entre les autorités coutumières et religieuses. Ceci renforce la légitimité des initiatives et favorise une approche intégrée pour résoudre les défis.
Kafando Mélinga Sylvain au bord d’une galerie / © : Aoua DA/SOURA, juillet 2024.
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