Madagascar, grenier de l'océan Indien : à quel prix ? | Land Portal
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Faire de Madagascar le grenier de l'océan Indien en y développant l'agriculture et en favorisant les échanges à l'intérieur de la COI, l'un des projets les plus importants de la Commission de l'océan Indien n'est pas sans inquiéter les propriétaires terriens malgaches.

 

Avec 90% des terres cultivables des pays membres de la COI (Commission de l'océan Indien) dont une forte proportion encore inexploitée, faire de Madagascar le grenier de l'océan Indien paraît évident. Une réunion de la COI s'est tenue à Mahajunga, sur la côte ouest de la Grande Ile, du 25 au 27 mars sur ce thème de « La sécurité alimentaire dans l’Indianocéanie, investir dans la production agricole ».

L'objectif de cette réunion, dont les résultats concrets seront connus dans les prochains jours, étaient de jeter les bases d'une organisation de la production agricole à Madagascar, d'y développer certaines cultures répondant aux besoins des pays de la région, notamment du riz, du maïs, de l'oignon et des grains mais également des produits d'élevage qui pourraient être exportés dans les pays de la région. Les exportations à l'intérieur de la COI ne représentent qu'environ 5% du total des importations. La marge de progression possible est donc énorme. Par exemple, le volume des produits d’élevage des importations intra régionale ne représente que 0.4% des importations totales.

Trois régions malgaches ont été identifiées comme susceptibles de satisfaire aux besoins des autres îles: Sofia, Vakinankaratra et Menabe.

Ce projet n'est cependant pas sans éveiller la crainte des propriétaires terriens malgaches qui craignent de leurs biens accaparés par des groupes financiers étrangers « ce qui serait contraire aux objectifs fixés » craint le Collectif pour la Défense des Terres Malgaches Tany. Selon lui, une demande de concessions de 20.000 ha terres dans la région du Menabe aurait déjà obtenu l’accord des autorités malgaches.

Sans être farouchement opposé à ce projet, le collectif estime que « dans le contexte politique actuel, il est illégitime de faire progresser un tel projet agricole à Madagascar » et préfèrerait attendre la fin des élections présidentielle, législatives et communales qui devraient se dérouler cette année pour que des représentants élus par les Malgaches puissent participer aux discussions. « Le gouvernement malgache de Transition n’est pas habilité à prendre de telles décisions et les autorités nationales comme régionales restent étrangement silencieuses sur les tenants et aboutissants de l’ensemble de ce projet », déplore encore le collectif.

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Les actuels exploitants des espaces agricoles craignent d'être tenus à l'écart des projets et réclament « une totale transparence sur le projet de la COI » avec par exemple une cartographie précise des zones identifiées, le type d’appropriation foncière et de transaction envisagés (bail emphytéotique, achat, etc.). Une autre inquiétude tient au mode de production agricole prévu dans chaque cas. S'agira-t-il de contrats passés avec les petits exploitants locaux ou d'agribusiness. Ils aimeraient également connaître le nombre d’emplois créés pour les travailleurs malgaches par les sociétés agricoles et les revenus attendus sur les taxes à l’exportation.

Selon Tany, des institutions et autorités publiques mettent en œuvre dans le cadre de ce projet de la COI une stratégie d’investissements dans l’agriculture sur les terres malgaches. En mars 2011, le Ministre des Affaires Etrangères de l’île Maurice Arvin Boolell encourageait les opérateurs économiques mauriciens à s’intéresser à Madagascar. De son côté, le Conseil Général de la Réunion a investi dans la recherche sur le riz bio malgache et souhaiterait acquérir des rizières. Après des affaires comme celles de Daewoo ou Bionexx, on comprend l'inquiétude des paysans malgaches, d'autant que ce phénomène de l'accaparement des terres touche tous les paysans, même dans les riches pays européens.

La zone de la COI concentre sur ce petit espace toutes les problématiques rencontrées au niveau mondial, notamment la présence de pays parmi les plus pauvres comme Madagascar ou l'Union des Comores et d'un des pays les plus riches, la France avec la Réunion et Mayotte, qui ne fait pas partie de la COI pour des raisons politiques mais reste bien évidemment concernée par tous les projets de coopération régionale. La semaine dernière, les producteurs réunionnais protestaient déjà contre les importations en provenance de Madagascar de produits qui arrivent sur le marché à un prix nettement inférieurs aux coûts de production locaux. A Mayotte également , le problème a également été soulevé. Ce projet de la COI risque donc « d'inonder » les marchés environnant et de mettre en péril leur propre agriculture.

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Source photo : (c) Spooner

 

 

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